Ethan Frome - Edith Wharton
Depuis que je suis arrivée à Boston, on n’arrête pas de me
répéter que je vais pleurer ma mère en hiver, tellement il fait froid.
Que j’aurai plusieurs fois la tentation d’appeler un taxi
pour aller en cours (en courant le trajet me prend cinq minutes), et qu’il est
très probable que j’y céderai au moins une fois.
Que mes cheveux vont se transformer en stalactites et qu’ils
se briseront en deux sous l’effet du froid si je ne fais pas attention.
Que oui, investir 300$ dans un manteau d’hiver est tout à fait
raisonnable et à envisager sérieusement.
L’hiver ne donne vraiment pas de bonnes idées à Ethan Frome. Toutes ses actions, irréversibles, sont regrettables et il finit par les payer très cher. Au début du livre, il est présenté comme un homme détruit et le reste du roman revient en arrière pour raconter comment il en est arrivé à devenir ce débris humain.
Vous êtes prévenus : tout se passe mal, le début est terrible, la suite est pire encore, et je ne vous parle pas de la fin qui forcément est tragique. Et non, je ne spoilie rien du tout !
La princesse/bonne fée est là.
Le bon bûcheron rustre au grand cœur aussi.
La sorcière malveillante avec son chat : présente.
La chaumière isolée du reste du monde (genre la
« petite maison dans la prairie ») est là aussi.
Du coup, avec toute cette neige et les aventures de nos
héros, on se retrouve dans une atmosphère que j’ai trouvée presque magique.
On a celui de l’homme
pauvre opprimé par sa femme et ses obligations sociales et paf ! on a un
discours sur la pauvreté qui crée un système aliénant de dépendance.
Mais on peut aussi voir celui de l’épouse malade aigrie qui
voit son mari lui échapper, et paf ! discours sur le mal-être féminin.
Sans oublier celui de la jeune fille soumise à la tyrannie
de sa patronne-cousine, et boum ! critique des conditions de vie des
jeunes filles, contraintes de se trouver un mari ou d’accepter des boulots
minables pour pouvoir survivre.
Ou alors, collez-vous à un radiateur.