Petit déjeuner chez Tiffany (Breakfast at Tiffany's) - Truman Capote *
Au commencement était la Photographie. Audrey Hepburn en
noir et blanc devant Tiffany’s, robe fourreau noire Givenchy, tiare en
diamants, lunettes de soleil énormes, un croissant à la main.
Fascinante. Eblouissante. Se suffisant à elle-même.
Un jour on m’a dit : « elle est nulle Audrey Hepburn (oooooo), va voir la vraie Holly Golightly ! »
Comme je n’avais aucune idée de qui était Holly Golightly de toute façon, je me suis procurée le livre et le film. J’ai pouffé en voyant le nom de l’auteur puis je suis redevenue sérieuse. J’ai (re-re-re)regardé le livre et (re-re-re)lu le film.
Je ne vois pas le problème avec Audrey Hepburn.
Pitchons : Holly Golightly est une étoile filante. Hallucinée,
hallucinante, elle est en fuite perpétuelle du passé et vit de ses charmes. Elle
happe au passage un écrivain en herbe qu’elle rebaptise Fred et qu’elle
entraîne dans ses nuits folles, ses balades dans New-York, sa contemplation des
diamants du Tiffany’s. Ceci est le récit d’une aventure à deux, par un homme
fasciné par une croqueuse de diamants, à la fois translucide et opaque.
Pourquoi Tiffany’s ? « Vous savez ces jours où vous êtes dans le cirage ?
- Autrement dit le
cafard ?
- Non, fit-elle
méditativement. Le cafard (…) ça vous rend triste, c’est tout. Mais le cirage,
c’est horrible. Vous avez peur, vous suez d’angoisse, mais vous ne savez pas de
quoi vous avez peur. (…) Ce que j’ai trouvé de mieux c’était de prendre un taxi
et d’aller chez Tiffany. Ca, ça me calme immédiatement. La sérénité, l’air de
supériorité. On a le sentiment que rien de très mauvais ne pourrait vous
atteindre là. »
Tout Holly G. est là dedans. Elle apaise sa douleur dans la
frivolité qu’elle affiche avec impudeur, et qui parfois fait froid dans le dos.
« Dès qu’elle vit la lettre, elle
loucha et ses lèvres se tordirent en un dur petit sourire qui la vieillit
terriblement. « Chéri, me dit-elle, peux-tu atteindre le tiroir là-bas et
me donner mon sac ? Une fille bien ne lit pas ce genre de lettre sans se
mettre du rouge aux lèvres. »
Ainsi, l’ambiance « New-York est une fête » cache
et révèle à la fois une noirceur essentielle, et cette ambivalence se traduit
par le style léger et grave, drôle et grinçant de l’auteur.
« Petit déjeuner chez Tiffany »…Franchement, ils ne se sont pas foulés.