J’aurais aimé vous parler d’un livre de Noël,
comme Dickens ou … Dickens, seulement je n’ai pas lu Dickens ni Dickens. En
revanche, j’ai cédé à la tradition américaine (et espagnole) de visionner
« It’s a Wonderful Life » de Frank Capra le soir de Noël. Je ne
résiste pas au plaisir de vous en parler même si ce n’est pas dans les
habitudes de la maison de parler de films.
En un mot
comme en mille, « this story tells no matter how broke you are, if you
have friends, you are a rich man ». (“cette histoire
dit qu’est riche celui qui a des amis, peu importe combien il est fauché”).
Voilà comment mon ami Spencer m’a vendu ce film.
Ca sentait le bon sentiment et le happy
end hollywoodiens à plein nez donc j’ai
dit tope-là mon frère.
Pitch: « It’s a Wonderful Life »,
c’est l’histoire en noir, blanc et gris d’un banquier un peu aigri car privé de
la vie dont il rêve, étant tenu de diriger la banque familiale dans une ville
minable. Il ne peut se décider à fermer son établissement, car il est le seul
banquier en ville à prêter aux pauvres et à les aider à avoir une vie décente.
Donc forcément, les affaires ne marchent pas toujours bien et notre banquier
est souvent à un cheveu de faire faillite et de péter un plomb. La Grande
Dépression n’arrange rien. Un jour, le soir de Noël, l’oncle tête-en-l’air perd
8000$ appartenant à la banque. C’est le drame.
Notre banquier, après avoir hurlé sur tout le
monde, démoli des trucs dans sa maison, fait rentrer sa voiture dans un arbre,
se rend sur un pont et s’apprête à se jeter dans l’eau. C’est là qu’un ange,
désireux de monter en grade et d’obtenir ses ailes, l’empêche de faire
n’importe quoi et entreprend de lui montrer comment le monde serait si lui
n’avait pas existé.
Au départ je n’étais vraiment pas contente. Ca
commençait de façon très drôle pourtant, avec une conversation entre Dieu et
l’ange qui entreprend de négocier pour obtenir ses ailes.
Mais bon, du début du film au moment où notre
banquier s’apprête à se suicider, on va de catastrophe en catastrophe. En plus,
il y avait des petites considérations financières auxquelles je ne comprenais
rien (je fais l’autruche dès qu’on parle de chiffres, même dans Balzac). Et
j’étais de mauvaise humeur puisque les gens ne voulaient mettre sur pause pour
m’expliquer. Pas vraiment mon idée d’un film de Noël pour tout vous dire.
Il y avait des moments joyeux et pétillants
cependant. Je pense à cette scène où le banquier, le jour de son mariage, vient
de perdre l’argent de la banque ainsi que ses propres économies (une fois parmi
tant d’autres). Il n’a plus rien pour s’acheter une maison et se retrouve donc
à la rue avec sa femme. Celle-ci le fait
alors se rendre à une maison abandonnée, en ruine, qu’elle a illuminé de
bougies et dans laquelle elle a dressé une belle table. Le couple finit par
aménager cette maison bancale et y vivre.
On bat des deux mains, je vous le dis.
Quand l’ange montre au banquier (oui, je
l’avoue, je ne me souviens plus de leurs noms, ni d’aucun des autres
personnages, voilà) comment le monde serait sans lui, c’est terrible puisque
c’est encore pire que la première partie. La ville est accaparée par le Picsou
local qui a installé des clubs de strip-tease et des casinos, les gens pauvres
qu’il avait aidés mènent une vie misérable, son adorable épouse est une vieille
fille aigrie. Cependant, au fur et à mesure que le banquier découvre ce monde,
on sent chez lui une urgence, un désir impérieux de revenir à sa vie d’antan. Sa
volonté d’aider autrui renaît en lui. Il redécouvre les belles choses qui
composaient son existence, et qu’il ne voyait plus à cause de ses soucis
d’argents.
J’ai beaucoup aimé ce personnage joué par
James Stewart (le banquier donc). Il est la bonté et l’abnégation même, mais
est aigri et souvent sérieusement tenté de tout lâcher pour la vie dont il
rêve. Il est humain en somme. Et puis James Stewart se laisse regarder.
J’ai trouvé que son épouse (Donna Reed) était un beau
personnage également, loin des femmes fatales d’Hollywood dans les fourreaux
desquelles j’aime à m’imaginer. Elle soutient son mari, lui est d’une aide
précieuse, prend souvent des initiatives. Et est d’une beauté rétro, discrète
mais pas fade.
Je ne vous raconte pas la fin, mais sachez
qu’on se roule par terre d’émotion et de joie (enfin moi quoi. J’en fais
souvent un peu trop). Ce qui justifie sa place dans les « films de Noël
américains en noir et blanc »
Je vous souhaite à tous un très heureux Noël.