Je ne voulais pas d’abord. Quand il est sorti il y a trois
ans, il m’a tout de suite fait l’effet d’un gros coup commercial : c’était
une insulte à mes VRAIS Astérix adorés, tout vieux et déchirés. Et puis ils avaient
déjà fait le coup en 1993, alors non seulement c’était du réchauffé mais du
réchauffé de réchauffé. On pouvait me dire « oui mais ya des inédits, et puis
des trucs difficiles à retrouver aujourd’hui et tout et tout. » Oui mais
non. Je refusais de céder à cette vaste machine à fric exploitant les
productions d’un artiste après la mort dudit artiste (ici Goscinny, mais c’est
aussi valable pour Tupac qui continue à tourner des films, oui oui). On ne m’aurait
pas nonmaisho. La puriste a parlé.
Mais je l’ai lu, pour l’amour d’Antoine.
Antoine est le petit garçon à qui je suis censée apprendre l’anglais.
Inspirée par l’esprit de la Pédagogie (et de la Démagogie), je me suis décidée
à lui transmettre le flambeau de la langue d’une manière qui a déjà fait ses
preuves : lire des bédés en anglais. Et hop : « Asterix in
Corsica ».
Je suis une puriste qui lit Astérix en anglais, il y a un
problème?
La question fatale n’a pas tardé
: « Vous me le
donnez ? ». Et la réponse impitoyable a suivi : « Non
Antoine, je ne peux pas. ». Je me sentais horrible. Il fallait me
rattaper. « Non, je ne te le donne pas, mais si tu veux, je peux te le
prêter.
- Ah chouette alors !
- Mais tu fais très attention hein ! pas de taches,
pas de déchirure, pas de miettes, d’accord ? (c’est vrai quoi, c’est un de mes Astérix adorés, tout vieux et déchiré)
- Oui d’accord. Mais en échange je vais vous prêter une
bédé à moi. Tenez, prend celle-là (« La
rentrée gauloise » donc). Je suis sûre que vous allez aimer, ya plein
d’histoires et tout.
- Merci Antoine, tu es trop mignon. (Céline ouvre-toi l’esprit, fais lui plaisir, c'est un gosse quoi)
- Mais attention hein ! pas de taches, pas de
déchirure, pas de miettes, d’accord ?
- … »
« La rentrée gauloise » est un regroupement de
quatorze histoires courtes, dont la plupart avaient déjà été publiées séparément,
notamment dans la revue « Pilote ». Certaines planches n’ont été
réalisées que par Uderzo. Chacune de ces histoires est présentée par un texte d’introduction,
expliquant les conditions de réalisation et de publication. En effet, elles
sont toutes de natures très différentes : une est créée spécialement pour
le magazine « Elle », une autre pour la candidature de Paris aux J.O
de 1992, certaines mettent les auteurs en scène dans un procédé métafictionnel…Ainsi
chaque planche est replacée dans son contexte.
Globalement, j’ai trouvé ça sympa. Bien sûr, c’est très
inégal et c’était inévitable avec quatorze histoires. Mes préférées sont celles
qui n’ont pas cherché à être absolument fidèles à l’esprit de la bédé, et qui
ne sont donc pas de mauvais mini Astérix comme d’autres. C’est le nouveau que j’ai
trouvé intéressant. Ainsi, j’ai beaucoup aimé l’histoire sur le descendant d’Obélix,
celle assez poétique sur l’arrivée du Printemps, ou encore les planches tordantes
montrant « Astérix tel que vous ne l’avez jamais vu » (version trash,
futuriste, bavard, psychédélique). L’histoire se payant la tête des défenseurs
de la langue française contre le franglais, mettant en scène nos gaulois
utilisant des mots latins, est aussi intelligente que drôle, et fait partie de
mes préférées.
Malheureusement, les autres histoires ne sont pas à la
hauteur, ni de celles-là ni des autres Astérix. Les gags sont un peu légers,
bébé, les fins tombent un peu à plat, et on ne retrouve pas cet humour si
particulier et si caractéristique de la bande dessinée.
J’ai beaucoup aimé en revanche les « secrets de
fabrication » de toutes les histoires. Cela donne un nouveau aperçu sur
les albums en général, car mettant en lumière les procédés de création. On s’aperçoit
que la bande dessinée est véritablement une œuvre
Les meilleures histoires sont celles créées par le tandem
Uderzo et Goscinny, forcément. Imaginez un Laurel et Hardy sans Hardy.
Justement, vous n’imaginez pas. C’est la même chose avec Astérix : sans Goscinny
au scénario, ce n’est pas pareil. Ca n’enlève rien aux mérites d’Uderzo, car
vraiment, quel coup de crayon ! Les dessins sont vraiment beaux et fidèles
à la bédé. En revanche quelque chose m’a quand même gênée, ce sont les
couleurs. Elles ne sont pas aussi intenses que dans mes Asterix à moi. Et
apparemment Uderzo va refaire la colorisation de tous les albums, histoire de leur
donner un coup de jeune et effacer certains défauts. Kevin en parle d’ailleurs
dans son blog (« Bookiweb », regardez dans les liens). Bouof. Ca ne
me gênait pas du tout les anciennes couleurs, ça faisait même partie du charme
un peu rétro de la bédé ! J’espère que cette refonte ne va pas condamner
les anciens albums à la trappe.
Ca y est, je suis nostalgique.